La Zébrade, ayant dansé
Tout l'été,
Se trouva fort vermoulue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul endroit sans maux
De la bouche jusqu'au dos.
Aussi fît elle grise mine
Lorsqu'elle croisa sa voisine,
La priant de s'arrêter
Pour l'aider à traverser
Jusqu'au local à poubelles.
"Je vous saurais gré, lui dit-elle,
Car partout, j'ai fort mal,
Votre aide m'est vitale. "
La Voisine est une grincheuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette pleurnicheuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je dansais, ne vous déplaise.
- Vous dansiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! souffrez maintenant.
La plaie et la bénédiction de ma maladie : l'intermittence de sa manifestation...
Une plaie, une épée de Damoclès dont on sait la fragilité du fil mais dont on
ne peut prévoir la rupture... Imprévisible, capricieuse et souvent invisible.
Planifier, préparer, se projeter à demain, à dimanche, à l'été prochain, à dans
5 ans... autant de choses hasardeuses et risquées. Apprendre à vivre chaque
jour pour ce qu'il est sans rien en attendre. Dans une société où l'on épargne,
où on planifie sa carrière, ses enfants, ses vacances, sa retraite... je
n'existe plus.
Une bénédiction, celle des répits, de ces regains d'énergie. Alors le temps
cesse d'exister. Mordre la vie à pleines dents, laisser déborder cette soif de
vie violente et insolente, vivre comme si demain n'allait jamais exister. A
mort la procrastination, je dois vivre aujourd'hui et maintenant, jouir de ces
instants d'éternité, avec passion. Aimer la vie et ces cadeaux de chaque
instant. Alors j'existe comme vous n'avez jamais existé, avec une telle
intensité que je vous en donne le tournis et envie...
Et si le problème n'était pas tant le handicap que tout ce qui vous échappe...
Je n'ai plus ma place dans votre monde normé,
Non, ne me plaignez pas, je suis libérée !
Libérée du poids des projets
Libérée du linceul de la productivité
Je traîne mes défaillances,
Avec insolence
Évanescente
Mais si... vivante
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