mercredi 3 septembre 2014

L'indécence de l'intermittence


La Zébrade, ayant dansé

Tout l'été,

Se trouva fort vermoulue

Quand la bise fut venue :

Pas un seul endroit sans maux

De la bouche jusqu'au dos.

Aussi fît elle grise mine

Lorsqu'elle croisa sa voisine,

La priant de s'arrêter

Pour l'aider à traverser

Jusqu'au local à poubelles.

"Je vous saurais gré, lui dit-elle,

Car partout, j'ai fort mal,

Votre aide m'est vitale. "

La Voisine est une grincheuse :

C'est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette pleurnicheuse.

- Nuit et jour à tout venant

Je dansais, ne vous déplaise.

- Vous dansiez ? j'en suis fort aise.

Eh bien! souffrez maintenant.


La plaie et la bénédiction de ma maladie : l'intermittence de sa manifestation...

Une plaie, une épée de Damoclès dont on sait la fragilité du fil mais dont on ne peut prévoir la rupture... Imprévisible, capricieuse et souvent invisible. Planifier, préparer, se projeter à demain, à dimanche, à l'été prochain, à dans 5 ans... autant de choses hasardeuses et risquées. Apprendre à vivre chaque jour pour ce qu'il est sans rien en attendre. Dans une société où l'on épargne, où on planifie sa carrière, ses enfants, ses vacances, sa retraite... je n'existe plus.

Une bénédiction, celle des répits, de ces regains d'énergie. Alors le temps cesse d'exister. Mordre la vie à pleines dents, laisser déborder cette soif de vie violente et insolente, vivre comme si demain n'allait jamais exister. A mort la procrastination, je dois vivre aujourd'hui et maintenant, jouir de ces instants d'éternité, avec passion. Aimer la vie et ces cadeaux de chaque instant. Alors j'existe comme vous n'avez jamais existé, avec une telle intensité que je vous en donne le tournis et envie...

Et si le problème n'était pas tant cette intermittence que son insolence...
Et si le problème n'était pas tant le handicap que tout ce qui vous échappe...

Je n'ai plus ma place dans votre monde normé,
Non, ne me plaignez pas, je suis libérée !
Libérée du poids des projets
Libérée du linceul de la productivité

Je traîne mes défaillances,
Avec insolence
Évanescente
Mais si... vivante



http://manduleen.deviantart.com/art/Souveraine-316151994

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